En archéologie, la détermination de la provenance de biens est d'importance capitale pour reconstruire les réseaux de circulation et étudier les aspects socioéconomiques, la connectivité entre les peuples sur de longues distances, et les échanges culturels et technologiques. Ces reconstitutions sont cependant compliquées par le manque de preuves avérées de l'origine de ces biens. Aussi, l'étude de l'origine et de la provenance de biens de consommation peuvent aider à reconstituer la connectivité des populations du passé mais aussi à mieux comprendre les modèles économiques développés à moyen et long terme et à plus ou moins grande échelle spatiale. En particulier, dans le cas de produits alimentaires (par ex., les huitres), une exportation importante à partir d'un site de production vers des lieux de consommation parfois très éloignés du littoral peut permettre de renforcer la compréhension sur la connectivité de sites antiques.
Les avancées récentes et toujours en cours depuis 20 ans sur les méthodes d'analyse in situ de signatures isotopiques et élémentaires fournissent désormais des moyens techniques performants pour analyser de grandes quantités de coquilles et ainsi identifier de manière fiable leur région d'origine. Dans ce contexte, les signatures isotopiques et élémentaires des coquilles d'huîtres permettent de reconstituer les réseaux de circulation antiques.
A partir d'exemples d'études dans des contextes géographiques différents (Espagne et Angleterre), nous proposons de montrer que les proxies isotopiques et élémentaires peuvent fournir des informations sur les déplacements des biens par le commerce ainsi que sur les habitudes alimentaires des hommes et femmes à l'Antiquité, en l'absence d'autres sources d'information classiquement utilisées en archéologie, comme les traces écrites.